En 1973 est publié le disque "Je ne connais pas cet homme", avec donc pour la première fois le nom Areski d'inscrit sur la pochette. Même si ce dernier était à la tête de toutes les compositions depuis "Comme à la radio", son rôle à présent a encore plus de place car nous avons désormais affaire à un véritable duo, cohésion parfaite entre deux artistes très différents et proches en même temps. Certains titres d'ailleurs ne sont chantés que par le musicien ("Depuis", "J'ai 26 ans, madame", "Comment ça va?") tandis que d'autres superposent les voix des deux artistes ("La fille du curé", "Les blanchisseuses"...).
C'était aussi l'époque où Brigitte et Areski expérimentaient le théâtre avec des pièces en parties improvisées; on retrouve cet esprit ici avec des chansons comme "Dis-moi" où rien ne semble avoir été écrit pour laisser place à une spontanéité créative brute.
On pourrait qualifier "Je ne connais pas cet homme" de disque de musique contemporaine expérimentale à en juger par certains titres comme "La recherche de l'hiver", "La renarde et le bélier touffu" ou encore "Le morvien", déroutants de par leurs sonorités complexes et leurs harmonies troublantes.
Quant à la chanson "C'est normal", drôle et tragique à la fois, elle sera jouée encore régulièrement en concert jusqu'aux années 2000 devant un public en partie n'étant pas né à sa création.
Avec ses multiples instruments comme le saxophone, la flûte et autres percussions et guitares, l'album peut paraître difficilement abordable pour un grand nombre tant l'aspect d'avant-garde prend ici tout son sens. Il faut pourtant le découvrir, ne serait-ce que pour avoir une idée de quelle était la liberté dont pouvaient jouir les artistes signés par Saravah, label peu soucieux d'une rentabilité financière immédiate et offrant une ouverture totale à la création et l'expérimentation. Epoque lointaine...
