Conçu un peu dans le même esprit que le précédent, l'album "Rue Saint Louis en l'île" va être un très grand succès en terme de ventes et l'accueil réservé par les médias globalement satisfaisant, même si certains plateaux TV au passage s'attarderont plus sur la personne de Brigitte Fontaine que sur les chansons du disque malheureusement; d'ailleurs pour "Rue Saint Louis en l'île", ce sera la dernière fois où l'artiste "choisira" les talks-shows (à raison) pour la promo d'un album, se rendant compte que ces émissions n'ont que faire au final de son travail...
La couleur du disque est très pop/rock dans sa première moitié, notamment grâce à la présence des guitares de Matthieu Chédid pour des titres comme "Betty Boop en août" ou "La veuve Clicquot", toutes deux très pêchues.
Le groupe de tango électronique Gotan Project réalise la chanson titre, moyennement satisfaisante selon la chanteuse elle-même malgré un texte de haute tenue; mêmes réserves pour des titres comme " Et caetera" et "La chanson de Simone" plutôt assez anecdotiques. La reprise du "Nougat" avec Mouss et Hakim du groupe Zebda est quant à elle réussie mais ne s'imposait pas véritablement, tout comme la reprise de "L'homme à la moto" de Piaf, clôturant le disque de façon décevante.
Mais les grands moments permettent de rééquilibrer l'ensemble de l'opus:
Fréhel est un bel hommage à la Bretagne (région où est née la chanteuse) alors que "Mado", émouvant portait, est de ces musiques dont seul Areski a le secret.
Ce dernier partage le chant avec Brigitte sur "Le voile à l'école" à la mélodie orientale alors que la chanson "Eloge de l'hiver" est magnifique avec un texte évocateur d'images poétiques.
"Le grand jamais" est un de ces rares morceaux où la musique existait déjà avant que Brigitte n'en écrive les paroles; pour "Folie", c'est un véritable auto-portait de la chanteuse, en profitant pour régler ses comptes avec les scribouillards n'en finissant pas de la taxer de folle, ces derniers ne s'intéressant ni à ses textes, ni à ses choix artistiques; il s'agit d'un titre fort, l'un des plus violents et dérangeants de la poétesse.
"Rue Saint Louis en l'île" n'a pas la fluidité des précédentes oeuvres de Brigitte Fontaine et pêche un peu par manque de direction artistique cohérente; mais 5 ou 6 morceaux réellement marquants suffisent à le rendre sympathique et finalement attachant.
Titre ne figurant pas sur l'album (ni sur aucun autre album de la chanteuse) mais sur celui d'un "Tribute" à Léo Ferré