En 1997 sort l'album "Les palaces" dans une confidentialité étonnante compte tenu du précédent ayant eu un succès considérable. Pourtant, force est de constater qu'il s'agit d'un véritable chef-d'oeuvre, textes et musiques confondus, et bien que n'étant pas toujours (re)connu, "Les palaces" pourrait bien être le disque de Brigitte Fontaine le plus cohérent de sa dernière période.
Tous les morceaux s'enchaînent intelligemment et chaque titre est incroyable, les textes étant ciselés comme des diamants bruts de poésie et la musique oscillant entre symphonique et électro, le genre musical étant appelé le Jungle (que l'on retrouve entre autres également chez la chanteuse Bjïork et son disque "Homogenic").
"Ah que la vie est belle" qui ouvre le bal est purement électro. Tout comme "Délices et orgues" à la mélodie étourdissante et où nous est conté la relation physique amoureuse, le tout en finesse. Même souffle littéraire pour "Chat" aux vers délicieux, ou le tendre portrait "Ali" aux envolées majestueuses.
Jacques Higelin, encore de la partie pour cet album, offre à la chanteuse la musique de "La cour", morceau subtil, tout comme la chanson titre "Les palaces" aux arrangements très classieux.
"Le musée des horreurs" est le titre le plus torturé du disque et n'est pas avare d'images étranges; il n'est est pas de même pour "L'île", superbe chanson piano/voix en forme de déclaration d'amour au quartier de résidence de B.Fontaine, l'île Saint Louis, situé en plein coeur de Paris.
"City" invite Alain Bashung à la fête pour un duo très urbain, à moitié réussi selon la chanteuse alors que "C'est normal" (tiré de l'album des années 70 "Je ne connais pas cet homme" repris pour l'occasion) est chanté une nouvelle fois avec Areski sur des arrangements électroniques.
Le morceau qui clôt l'album "La symphonie pastorale" est l'une des plus belles chansons de Brigitte; réellement bouleversante, la musique composée par Areski est grandiose, pénétrante, et accompagne divinement l'un des textes les plus forts de l'oeuvre de l'artiste où son amour de la littérature et des grands classiques nous touche droit au coeur.
"Les palaces" est un opus trop souvent éclipsé dans les écrits relatant l'oeuvre de la chanteuse car il est situé entre deux disques aux ventes importantes et méritées, mais sa cohérence et sa réelle qualité d'écriture le place au dessus du lot car la plume de la poétesse n'aura rarement brillé d'une façon aussi intense et passionnée...
Pour la petite anecdote, l'interprétation du titre "La symphonie pastorale" qu'elle offre dans ses concerts la met dans un état second au point qu'il n'est pas rare qu'elle finisse les larmes aux yeux une fois les dernières notes au piano encore en résonance...